Mutante - Tome 1

Chapitre 33-2 : Altercation

Marco leva un sourcil, interloqué par tant de colère et de haine dans un seul mot. Il ne fallait jamais chercher Lucy, surtout quand elle était fatiguée. Je l'avais appris à mes dépends. Mais même avec cela, son ton m'étonna au plus haut point. Que se passait-il à la fin ? Ma détermination à lui tirer les vers du nez ne fit que se raffermir, il me fallait trouver un moyen. 

Tant pis si cela ne lui plaisait pas, il n'était pas question que je la laisse broyer autant de noir plus longtemps. Enfin, une chose à la fois, ce qui m'effrayait, c'était ce que Marco allait dire. Quand on va mal, on est forcément à fleur de peau, et la moindre remarque fait mouche.

– Pardon, gamine, c'est à moi que tu parles ?

Lucy devint rouge sous l'insulte de sa petite taille, mais ne se laissa pas démonter. Elle était quasiment en train de se lever, main sur son arc. J'étais prête à saisir mon arme, et à défier l'imbécile présent dans mon dos. Mais Théo intervint, d'une voix posée.

– Et oh, on se calme ! Marco, va t'en, ordonna-t-il avec sang-froid.

Je remerciais mon ami d'un regard.

Marco se retourna, semblant comprendre qu'il ne gagnerait pas cette partie. Nous étions beaucoup plus. Je vis Ella apparaître derrière lui, et en fus surprise. Jay n'était pas loin, observant la scène du coin de l'œil, suspicieux.

– Tu n'as pas entendu ? fit la blonde méchée. Personne ne veut de toi ici.

– Eh bien, Ella, quelle surprise ! s'exclama faussement Marco, avec toujours son sourire ironique sur les lèvres.

Marco était immense, dépassant Ella de deux bonnes têtes. Mais elle réussissait quand même à le regarder en baissant les yeux. J'étais impressionnée, il fallait qu'elle me donne sa technique ! 

– Je pensais vraiment que tu avais du caractère, avant, désespéra-t-il avec un mélodramatique exacerbé. En fait, tu te cachais juste, parce que tu es incapable de te défendre toute seule. Tout ce que tu sais faire, c'est cracher sur les autres, asséna-t-il dans un dernier souffle, que je fus la seule à entendre avec Ella.

Sur ces mots, Marco partit, sans laisser le temps à la jeune fille de répliquer. Elle n'en avait d'ailleurs pas l'air capable, immobile, yeux grands ouverts et lèvres pincées. J'avais beaucoup de peine pour elle. Elle m'aidait, mais s'en prenait plein la figure.

– Ella, tu n'étais pas obligée, remerciai-je. Ce qu'il a dit, c'est juste pour te faire...

Elle leva la main, et ferma les yeux, reprenant contenance.

– Je n'ai en aucun cas besoin d'être consolée, Amy. Je sais pourquoi il fait ça. Pendant un long moment, je l'ai repoussé. Mais il faut que je l'admette, je ne faisais que me cacher derrière les autres.

Ella rouvrit les yeux et soupira. Elle se tourna vers moi, me fixant de ses yeux bleus.

– Je ne sais pas pourquoi je suis intervenue. Sans doute notre amitié me manque-t-elle.

– Mais Ella, je suis toujours ton amie ! Lucy aussi et...

– Et c'est du passé, me coupa Ella, non sans une certaine once de regret. Pardon pour le dérangement.

Elle tourna les talons, tandis que je restais la bouche ouverte, un long pincement au cœur. Comment pouvais-je lui dire que je ne pouvais justement rien dire ? Je ne voulais seulement qu'elle ne me prenne pas pour un monstre, elle et les autres. Je faisais tout de travers !

Toujours inquiète, je me tournai vers Lucy, qui fixait le sol. Elle, elle pouvait toujours être amie avec Ella. Rien ne l'empêchait. Mais elle ne le faisait pas. Pour moi. Je me rendis compte de cela sur le moment, et mon cœur fut encore plus touché. Je suivis mon instinct, me prenant en main.