Mutante - Tome 1

Chapitre 31-4 : Calme

– Amy ? m'appela doucement mon prof.

– Je ne sais pas, répondis-je d'une voix rauque, soudainement sortie de ma torpeur.

Je me raclai la gorge, et me mis en tailleur sur le canapé, face à Miller qui avait pris une chaise. Il s'assit à l'envers, bras posés sur le dossier.

– Je ne comprends plus rien, désespérai-je. Que m'arrives-t-il ?

Miller réfléchit un instant, puis me sortit son hypothèse.

– On a dit que c'était un sentiment fort, de préférence négatif qui activait le fluide. Quel était le sentiment dominant que tu avais en toi ?

La peur. C'était purement et simplement ça. La réponse m'était apparue très clairement. Ce sentiment faisait écho à ce que je ressentais depuis quelques jours, le fait d'être étouffée.

– La peur, déclarai-je en reniflant. Je voulais fuir, fuir le plus loin possible.

Miller soupira en se passant les mains dans les cheveux. Il paraissait toujours garder quelques traces de frayeur, mais ne reculait pas pour autant devant moi. Qu'est-ce que je pouvais l'apprécier pour ne pas me fuir dès que je devenais bizarre.

Si bizarre était un mot approprié.

– Ça devient de plus en plus fréquent, murmura-t-il.

– Les crises ? chuchotai-je tout bas.

– Je ne parle pas de ça. Te rends-tu compte de ce qui active le fluide et la crise ? Tes sentiments sont amplifiés. Je peux comprendre que te voir avec ces yeux te fassent peur, mais au point de déclencher le fluide, c'est... tout bonnement improbable. Tes sentiments sont amplifiés, sans que je ne comprenne pourquoi.

Il avait raison, j'en faisais tout un fromage, si je pouvais me permettre l'expression. C'était comme-ci je revenais aux sentiments primaires en deux secondes. J'avais feulé, comme un animal se défendant. Mais oui ! Ces sentiments, la peur, la colère, l'instinct de fuite, un désir profond de se cacher... oui, c'était ça !

Je commençais doucement à comprendre. La vérité était juste là. La mutation, il s'agissait de ça.

– La mutation, annonçai-je, soudainement souriante.

Miller tourna la tête et fronça les sourcils. Il attendit que je développe.

– La peur était le sentiment dominant, mais mon désir le plus fort était de fuir. Fuir pour me cacher ! m'écriai-je, sûre de moi.

Les sourcils de Miller se relevèrent. Il commençait aussi à intégrer mon hypothèse plus que plausible. 

– Dans le cycle d'un Mutant, continuai-je, après avoir achevé sa mutation, il doit se cacher dans l'obscurité et hiberner. C'est exactement le sentiment que j'éprouvais. C'était très flou sur le moment, mais maintenant que j'y pense, c'est exactement ça !

Je me rendis compte de mes paroles en tremblant. Malgré l'excitation d'avoir trouvé une explication, tout cela m'effrayait au plus haut point.

– Je réalise vraiment les étapes de la mutation, dis-je d'une voix tremblante.

– Mais pas dans le même ordre. Ni à la même intensité, me rassura-t-il.

– Mais, si je vais sous le soleil, je vais mourir ! paniquai-je en me levant brusquement.

Je ne pourrais plus jamais sortir d'ici, étudier, mes amis... 

– Non Amy, calme-toi. Rappelle-toi, tu ne fais pas la même mutation qu'un Mutant classique. Tu as d'abord eu le fluide, tu es capable de rétracter tes ongles et tes dents. Tu es humaine, ce n'est pas la même chose !