Mutante - Tome 1

Chapitre 17-1 : Bac à sable

Cela faisait maintenant trois jours que Cathleen m'avait lancé le défi. Je ne participais pas aux combats ce mardi, je préférais m'entraîner au bac à sable. Oui, je l'ai appelé comme ça, nostalgie d'enfance je suppose. On dirait un endroit joyeux pour jouer alors qu'en fait ce n'est pas du tout ça. 

Miller était au courant de mon combat et avait décidé de m'aider à m'entraîner à mains nues. Il était d'ailleurs là à mes côtés, cet après-midi. J'étais toujours sur le mode facile que je connaissais beaucoup plus à présent. Mais je n'avais pas encore essayé le mode moyen, qui était sensé être beaucoup plus dur, alors je n'imaginais même pas le mode difficile.

– Tes pieds ! cria Miller. Sers-t'en ! Tu as fais du karaté, bon sang, alors tu devrais savoir les utiliser !

Ouais, on va dire ça, il m'aide. Il ne fait que crier mes défauts depuis tout-à l'heure. Il arrêta soudainement le bac à sable. J'étais complètement essoufflée et déshydratée. 

Le froid accentuait cela en plus, alors ce n'était vraiment pas pratique. Par chance, il ne pleuvait pas, et heureusement sinon le bac à sable serait inutilisable.

– Sors de là, m'ordonna Miller.

– Je suis désolée, dis-je, mais je ne sais pas me battre contre plusieurs cibles en même temps !

– Il va bien falloir que tu apprennes, soupira Miller. Le problème est que tu te focalises trop sur un ennemi, m'expliqua-t-il en faisant des gestes avec ses mains. Si tu fais ça, tu ne te rends pas compte qu'un autre t'attaque sur le côté et du coup tu te fais toucher. De plus essaye de ne pas trop utiliser tes yeux, fais aussi marcher tes autres sens. J'ai déjà observé comment combat Cathleen et elle attaque plusieurs points en même temps, ce qui rend son style de combat très personnel et très difficile à cerner.

– Je l'ai déjà vu combattre, c'est comme si elle se dédoublait, confirmais-je.

– Exactement. Bon, le mieux c'est que je te montre, déclara-t-il.

Miller enleva ses chaussures et mit la difficulté au niveau moyen. C'était la première fois que j'allais le voir combattre, alors j'étais un peu surprise. Il monta dans le bac à sable et commença à donner des coups. Ouah, je n'avais jamais vu ça. 

Il semblait tournoyer sur lui-même avec une telle aisance que c'en était déconcertant. C'est comme si il volait dans les airs, sauf qu'il n'avait pas d'ailes. Il utilisait surtout ses pieds et gardait ses mains pour se protéger le visage. Au niveau facile, des « bras » sont accrochés au piquet mais ils ne bougent pas et tapent seulement grâce au mouvement du tronc. 

Alors qu'au niveau moyen, les bras bougent et on doit faire attention non seulement à où ils se trouvent mais également à leurs mouvements. Et en plus, il fermait les yeux !

– Tu vois ? me dit Miller en continuant de repousser les piquets. Toi qui n'utilises que les yeux, essaye de comprendre comment je fais pour savoir où sont mes ennemis.

J'observais attentivement et vis qu'il réagissait en fonction du bruit que faisaient les piquets. C'est vrai qu'à présent qu'il avait fait la remarque, je me rendis compte qu'il bougeait à l'instant où il entendait un crissement autour de lui. Tous les piquets grinçaient quand ils bougeaient.

– Là tu as l'occasion de pouvoir observer ton ennemi, alors il faut que tu en profites, d'accord ? Maintenant active le niveau difficile.

J'hésitais une seconde avant de le faire puis obéis. Le système s'arrêta pendant un court instant, puis de nouveaux bras apparurent sur les piquets. Au lieu d'en compter deux comme un humain, il en comptait maintenant six ! Comment pouvait-il combattre ça ?