Chapitre 22-4 : Juste dix minutes

3.4K 396 32
                                    

Mais la douleur me convint plus qu'autre chose. Alors j'essayai d'arrêter de lutter, et à ma grande surprise, mon mal de tête disparut presque entièrement. Instantanément, dès que j'eu arrêté de luter. Comme quoi, il faut parfois laisser couler les choses. 

Il restait tout de même en fond, mais c'était largement supportable. Je passais mes doigts autour de mes yeux, surtout sur les côtés, et je sentais de petites bosses.

– Ce sont tes veines, m'indiqua Miller. Elles sont un peu plus grosses que d'habitude et ressortent un peu. Et sont... d'un bleu étrange, et un peu rouge. 

Miller avait hésité sur la fin, je comprenais pourquoi. Il savait que je ne voulais pas accepter le fait d'être associée aux Mutants. Là, il allait falloir que je l'accepte pour de bon, surtout si je voulais comprendre ce qui m'arrivait. 

Le choix n'était plus permis. L'avais-je déjà eu un jour, d'ailleurs ?

Miller me demanda de nouveau de décrire ce que je voyais, et je continuai.

– Tout autour de moi est dans les tons rouge, bleus et jaune. Un peu comme une vision thermique, mais en plus précise. Je vois chaque mouvement, même infime, séparément. Et si je me concentre assez, j'arrive à voir exactement la trajectoire d'un mouvement une fraction de seconde avant. J'arrive à... l'anticiper, comme si je savais exactement où le mouvement allait se diriger. Et je peux... comme ralentir la scène, pour analyser. Même quand tout se passe vite, j'arrive à tout percevoir, comme quand on tombe.

J'avais fait du cheval pendant un moment, et il m'était arrivé de chuter. Et dans ces moments-là, j'avais toujours l'impression que le temps s'étirait et que je pouvais tout voir au ralenti. C'était un peu le cas avec le fluide, mais en plus précis. Oui, tout était précis, je voyais tous dans les moindres détails.

Ce qui était pour le moins très perturbant. 

– J'arrive à tout voir, murmurai-je. Comme la cannette par terre là-bas, expliquai-je en pointant du doigt ladite cannette. C'est normal ? C'est ça le fluide ?

– Je ne peux pas te le dire Amy, soupira Miller. Aucun Mutant ne nous a jamais expliqué tout ça, poursuivit-il, une pointe d'amusement dans la voix, mélangée à de... l'amertume peut-être ?

– Comment sont mes yeux ? demandai-je à mon tour.

– Comme tu dois t'en douter, rouges. Ils ont toujours leurs pupille, mais elle est très, très petite. Ton iris est entièrement rouge, très vif. Le blanc de tes yeux est presque habituel, mais les vaisseaux sont beaucoup plus visibles. C'est tout ce que je peux te dire. C'est un peu... terrifiant, avoua-t-il à regret.

Miller avait hésité sur la fin de la phrase, c'était normal. Je faisais sûrement très peur. Déjà que la descritpion m'effrayais, j'imaginais bien que cela était pire en face de moi.

– Maintenant, je pense que nous avons la certitude que c'est le fluide. Mais... cela fait longtemps que tu l'as, et c'est étrange que tu ne puisses pas l'enlever.

Il jeta un coup d'œil à sa montre.

– Ça fait au moins cinq minutes, m'indiqua-t-il. Tu sais quel niveau attribut-on aux Mutants qui peuvent garder cette durée sans souffrir ? Je veux dire, à part ton mal de tête, tu n'as pas l'air de souffrir le martyre.

Je déglutis difficilement.

– Niveau 4. 10 min maximum, récitai-je, un trémolo dans la voix.

Le niveau de la manticore qui m'avait attaqué à la rentrée.

– A supposer que ça s'arrête bientôt, marmonna Miller. Bon, il faut que tu sortes. Comment expliquer sans que l'arbitre n'intervienne...

Mutante - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant