Chapitre 42-3 : Parois

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J'eus la même réaction. Devant nous se trouvait à présent une pièce non pas vide, mais remplie d'écritures de part et d'autres. Toute la paroi était remplie de gravures. Mais pas n'importe lesquelles : de l'Ancien Scriaté.  Au premier coup d'œil, je reconnus plusieurs "lettres" ça et là. Mais je ne parvenais pas à les déchiffrer. 

Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : cette pièce était aussi âgée, voire plus que les anciens bâtiments de l'académie. Nous restâmes tous longuement ébahis, à contempler bêtement ce que l'on voyait. Je fus la première à m'approcher plus du mur. Je comprenais maintenant ce qu'était les fissures que j'avais senti tout-à-l'heure. Je pris mon téléphone et éclairai le mur. C'était bien de l'Ancien Scriaté. Je tentai de le lire, mais c'était comme, même plus irrégulier que la page du Livre Z. Si bien que je ne pu même pas traduire un seul mot.

– Tu arrives à lire ? me demanda Zéphyr.

– Non, pas un seul mot, dis-je. C'est de l'Ancien Scriaté.

Là, ce n'était pas un mensonge. J'étais bien incapable de lire les écritures. Enfin, je songeais qu'avec un peu plus d'étude je pourrais en faire une traduction, mais n'en dis rien. Lucy me jeta un regard éloquent, mais je lui signifiai que je n'arrivais vraiment pas à déchiffrer. Nous avions rediscuté de cela, il me faudrait bien dire aux garçons qu'avec du temps j'arrive à déchiffrer les Anciens Scriatés. Enfin, certains. Ça dépendait vraiment des fois. Mais je ne savais pas quand était le bon moment... Lucy se rapprocha de moi et me prit la main.

– Dis-leur. C'est le moment. Ils ne feront rien de plus.

Je fixai ma meilleure amie dans les yeux pendant plusieurs secondes. Elle réussit quand même à me convaincre. L'occasion ne se représenterait peut-être plus. Avec un soupir, je pris mon courage à deux mains.

– Tant qu'on en parle, j'ai quelque chose à vous dire, annonçai-je.

Miller et Zéphyr se tournèrent vers moi, intrigués.

– Les Anciens Scriatés... avec beaucoup de temps, je suis capable de les déchiffrer. Mais seulement après beaucoup de temps.

Zéphyr fronça les sourcils, tout comme Miller.

– Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ? questionna ce dernier.

– J'avais peur. Des armes puissantes, trop puissantes, sont inscrites dans cette langue.

– Amy, tu sais bien que jamais on ne t'obligera à déchiffrer cela ! Si tu ne veux pas, tu ne veux pas ! me promit Zéphyr.

– Je sais mais... je ne sais pas, j'avais peur. Plus je reculais le moment, moins je trouvai le bon instant pour vous le dire.

– Comment as-tu su que tu savais les lire ? me demanda Miller, toujours au taquet.

Lucy me jeta un coup d'oeil, et leva un sourcil. Bon, instant révélations, bonjour.

– Quand je suis allée à la bibliothèque pour acheter mes manuels, le libraire m'a donné un livre spécial. Il était de la part de mon père. Et tout était écrit en Scriatés. C'était une sorte de traduction du manuel des Livre D existant. Mais à la fin, il m'a laissé une lettre. Et une immense fiche parlant de ce qu'il a appelé « Livre Z ». Sauf que tout est écrit en Anciens Scriatés, donc je suis en train de le traduire. Je pense... enfin, Lucy et moi pensons que cela a un rapport avec la mission de rang Z qui lui a été confiée.

J'avais tout dit d'une traite. Les visages des garçons passèrent de la stupéfaction au questionnement.

– Et... c'est quoi au juste, ce Livre Z ? demanda Zéphyr.

– Pour l'instant je ne sais pas trop. Il faut que je finisse la traduction pour le savoir.

– D'accord, soupira Miller. Donc ça non plus tu ne nous l'as pas dit.

Je baissai les yeux.

– Ce n'était pas urgent, me défendit Lucy. On voulait finir, et trouver la fin de cette histoire avant de vous le dire.

Je lui adressai un regard de remerciement.

– Ce n'est pas grave, déclara Zéphyr. L'important, c'est que tu finisses quand même par nous en parler. Donc, si je comprend bien, tu penses que cette page laissée par ton père a un rapport avec sa mission de rang Z ?

J'acquiesçai.

– Je ne sais pas exactement quoi, il faut d'abord que je finisse la traduction, qui est assez compliquée.

– Tu nous tiendras au courant quand tu auras fini ? demanda Miller à son tour.

Je le promis, et jetai un œil aux inscriptions sur les murs.

– Tu arrives quand même à les lire, du coup ? me demanda Zéphyr.

– Pas vraiment. C'est beaucoup plus maladroit et compliqué que les Anciens Scriatés que j'ai déjà vu.

Je levai mon téléphone et pris des photos. Je pourrais toujours y réfléchir plus tard. Maintenant que nous avions de la lumière, je me rendis compte que le plafond comportait une sorte d'ouverture. Il y avait une manivelle, mais bien trop haute à atteindre. C'était sûrement pour faire entrer la lumière. Mais nous ne voulions pas prendre de risques, alors nous n'y touchâmes pas.

Lucy se dirigea alors vers la fameuse porte verrouillée, et tenta de l'ouvrir. Elle sortit quelque chose de sa poche, tenta de crocheter la serrure. Miller s'approcha à son tour, et sortit quelque chose de son sac. Il tenta aussi sa chance, mais ne réussit rien. 

La porte restait obstinément verrouillée. J'avais toujours mal au dos, alors je fouillai dans ma poche et pris des cachets anti-douleur. Zéphyr m'interrogea sur ce que c'était, et je lui expliquai que mon dos me faisait encore mal à cause de l'utilisation du fluide. Lucy écouta aussi, et dit que ce n'était pas comme ça d'habitude.

– Normalement ça s'arrête après !

Je haussai les épaules. La douleur devrait disparaître prochainement. Mais c'est vrai que là ça faisait long. Nous continuâmes de fouiller la pièce de fond en comble, quand j'aperçus une grille en hauteur.

– Ça sert à quoi, à votre avis ? m'enquis-je.

La grille était composée de barreaux très épais, et devait mesurer plusieurs mètres de hauteur, encore plus de largeur.

– Vous pensez que c'est une pièce où les Mutants sont lâchés ? demanda Lucy avec une pointe de crainte dans la voix.

J'observais plus précisément les murs, cherchant dans les Anciens Scriatés des griffures ou d'autres signes de l'hypothèse de Lucy. En examinant, je tombai sur un endroit quasiment creusé. Par des griffes. Je m'accroupis, observant de plus près ce creux. 

On aurait dit qu'une créature cherchait à creuser un trou pour sortir, ce qui pouvait bien être le cas. Je fis part de ma découverte aux autres, ce qui confirma l'hypothèse de Lucy. Ma meilleure amie s'approcha à son tour de la paroi, et confirma ses soupçons.

– Miller, appelai-je, vous avez bien dit que tous les Mutants étaient gardés dans la serre ?

Mon professeur particulier s'approcha de moi, et confirma mes propos.

– Alors pourquoi y aurait-il eu un ou plusieurs Mutants ici ?

– Peut-être qu'avant la serre ils étaient enfermés ici, suggéra Zéphyr.

– Impossible, contredit Miller.

Mutante - Tome 1Where stories live. Discover now